Souvent recommandés pour limiter la vitesse de mastication et lutter contre l’obésité et les risques de fourbure, les slowfeeders parmi lesquels figurent les filets à foin font pourtant peu l’objet d’études quant à leur impact sur la santé du cheval. Marie Roig-Pons, ingénieure agronome à Berne s’est intéressée à ce sujet dans sa thèse de doctorat à l’Université de Berne en collaboration avec le haras national suisse.
En collaboration avec une ostéopathe, la chercheuse a étudié 702 chevaux sur 91 sites en Suisse et France, aussi bien dans des centres équestres, que des pensions ou auprès de propriétaires. Dans la nature, le cheval doit satisfaire à la fois des besoins physiologiques d’une alimentation riche en fibres et des besoins comportementaux.
Les pauses de plus de 4 heures sans manger sont néfastes pour les chevaux car elles provoquent une acidification du tractus digestif. Les chevaux passent environ 16 heures par jour à manger.

Recherche de nourriture, d’occupation font partie des besoins comportementaux des équidés. La solution ? « Donner du foin à volonté peut avoir deux conséquences : le surpoids, et le gaspillage, parfois jusqu’à 50 % de la ration au sol ».
Dans ce contexte, une problématique ressort : Comment répondre aux besoins physiologiques et comportementaux des chevaux sans compromettre leur santé ?

La chercheuse livre plusieurs possibilités : l’augmentation des dépenses énergétiques, la réduction de la concentration de la ration, l’encouragement des comportements non alimentaires, le fractionnement des repas sur 24 heures de manière automatisée par le biais des nouveaux râteliers en programmant les ouvertures et les fermetures et la réduction de la vitesse d’ingestion grâce aux slowfeeders, permettant une alimentation plus lente.
Filets à foin, quels effets ?
Cette dernière solution présente comme atouts d’augmenter la durée des repas tout en conservant la même quantité de fourrage. Ces dispositifs soulèvent toutefois des interrogations sur leur efficacité et surtout sur les effets concernant le comportement et la santé à long terme. Sachant qu’il existe une diversité de filets à foin et de systèmes de contrôle comme les râteliers ou les cloches.
Les résultats de cette étude ont démontré dans un premier temps qu’il n’existait pas de lien entre l’utilisation d’un filet et la santé musculosquelettique générale et ciblée. Cependant, la disposition du filet (en hauteur, au sol) peut avoir une incidence sur la posture provoquant des tensions musculaires de l’encolure.
Une abrasion des gencives et des vibrisses
En revanche, un lien est établi entre le recours à ce type de dispositif et l’abrasion des gencives et des vibrisses. « Les chevaux avec filets sont 2,3 fois plus à risques que ceux qui ne sont pas nourris avec », a constaté la doctorante.

Dès lors, faut-il oui ou non utiliser les filets à foin ? Marie Roig-Pons livre quelques recommandations pratiques dans ce cadre. « Pour les chevaux qui ne présentent pas de surpoids, il y a peu d’intérêt à utiliser les slowfeeders ». Pour les autres, il est essentiel de prévenir les risques de blessure en évitant les filets proches du sol pour les chevaux ferrés, en faisant attention aux mousquetons et en ôtant les licols.
Votre cheval vous dira ce qui lui convient
Ensuite, l’ingénieure agronome conseille de contrôler les vibrisses, dents et gencives en prenant des photos pour constater les évolutions. L’observation des chevaux demeure primordiale en analysant les mouvements, la posture, la torsion de nuque et l’encolure lorsqu’ils mangent.
En dernier lieu, elle rappelle qu’il s’agit de cas par cas. En effet, certains chevaux présentent des signes de stress et de frustration, en tapant contre la cloche, en grignotant les mailles du filet. « Il vaut mieux commencer par une période d’habituation progressive, avec des filets à grande maille, tout en continuant à laisser du foin au sol ». Au final, c’est « votre cheval qui vous dira ce qui lui convient ».