Créée en 2019, par Julien Cornouiller et Victoria De Poumeyrol, la société Novo Senseo propose des solutions de surveillance des chevaux en stabulation grâce à des caméras associées à de l’intelligence artificielle. Conçues initialement pour sauver les chevaux, les solutions Novostable détectent les changements de comportements des animaux et anticipent les coliques ou le poulinage. Explications.
En quoi vos solutions sont-elles innovantes ?
Tout cheval développe ses propres routines. En filmant l’animal en permanence, l’intelligence artificielle définit un avatar périodique du comportement normal du cheval basé à l’origine sur un avatar moyen prédéfini au vu de nos nombreuses expériences. En douze heures maximum, même si trois à six heures suffisent souvent, la vidéosurveillance constituée de la caméra et du logiciel intègre le comportement spécifique du cheval.

Ainsi, en cas de changement de comportement inhabituel, le système alerte du caractère anormal de la situation. Par exemple, on arrive à détecter les coliques quatre à six heures, avant les premiers signes.
En quoi l’intelligence artificielle facilite-t-elle le poulinage ?
La caméra permet de détecter le début du poulinage de manière non-intrusive, sans contact direct avec la jument. Le logiciel envoie des notifications, appels et SMS, 24h, puis dans les 10 à 30 minutes avant le poulinage. Après la naissance, nous pouvons surveiller en même temps la jument et le poulain.
Quid du paramétrage du logiciel ?
Nous proposons aux cliniques vétérinaires une solution logicielle pour adapter des profils utilisateurs. Le vétérinaire y paramètre exactement ce qu’il souhaite. Par exemple : “Je veux être alerté quand mon cheval se couche”, “Je veux voir mon cheval bouger” ou encore “Je ne veux pas qu’il y ait de mouvements de tête trop importants”.
Sur quoi vous basez-vous ? Sur la “norme” des chevaux en général, ou c’est vraiment personnalisé ?
L’Intelligence Artificielle s’adapte à chaque cheval, tous sexes et toutes races confondues, du boulonnais au quarter horse, du poney au cheval. Chaque animal est unique, et on analyse son comportement propre. Il faut en revanche qu’il n’y ait qu’un seul cheval dans le champ de la caméra.
C’est donc une caméra par cheval ?
Nous avons des éleveurs qui détiennent 70 poulinières et 6 box. C’est une caméra par box. Pour les propriétaires de chevaux, amateurs ou compétiteurs, ils ont un box, un cheval, une caméra. Et ils le suivent pendant un an, 24h/24.
Le risque n’est-il pas d’avoir une technologie qui au final remplace l’œil expert de l’homme sur son cheval et de n’accorder sa confiance qu’à la technologie ?
L’intelligence artificielle observe le cheval 24h/24, sans jamais connaître la fatigue. La vidéosurveillance dispose de la mémoire du comportement de cheval depuis plusieurs mois et indique : “votre cheval a un comportement anormal, allez le voir”. La caméra ne remplace personne. Elle est une associée pour surveiller le cheval. Par contre, si personne ne peut se déplacer pour aller le voir, cela ne sert à rien.
Cette technologie modifie t-elle la relation de l’Homme au cheval, pour l’éleveur par exemple ?
De l’éleveur non. Il ne faut pas oublier que pour eux, la jument est un business ! Ils doivent se montrer très sensibles au bonheur des juments. Elles vivent au pré toute l’année et ne rentrent qu’au moment des poulinages. L’intelligence artificielle implique un gain de temps pour l’éleveur, et cela le rassure.

Par contre, là ou cela peut changer, en bien ou en mal, c’est pour les particuliers. Notre solution permet de découvrir son cheval, que bien souvent les propriétaires ne connaissent pas. Ils viennent le voir uniquement pour le monter, le brosser mais cela ne va pas plus loin. Et le reste du temps, il se passe quoi ? L’aspect positif réside dans la surprise des propriétaires qui découvrent à l’occasion, des faits drôles sur leur cheval. Ceci dit, plus négativement, quand le cheval ne va pas bien, certains réagissent en conséquence, et d’autres coupent les alertes…
Y a t-il encore des améliorations à attendre sur le plan du confort par exemple ?
La réponse ne va pas de soi. La notion de bien-être se définit difficilement, l’unanimité reste impossible. Une cheval ne peut pas s’appréhender comme un bébé ou un enfant. Cependant, nous constatons l’évidence : pour le cheval, un box de 4m x 4m vaut mieux qu’un 3 x 3, lumineux et nettoyé vaut mieux qu’un box sale et sombre, sortir au pré vaut mieux que l’inverse… Nous ne sommes pas là pour juger car chacun vit une situation et des conditions particulières.

Quelles sont les évolutions que l’on peut imaginer à l’avenir concernant ce service ?
Je ne peux pas vous dire. Nos deux projets en cours de réalisation sont absolument incroyables et fantastiques. Ces deux nouveaux services s’adresseront plus aux professionnels qu’aux particuliers, qui n’en auront pas besoin.
Cette technologie nous offre des opportunités et des marges de progression considérables.
