La voltige équestre : une discipline précise et extrême

La voltige décline plusieurs facettes : classique, cosaque et jockey. Rencontre avec Aurélie Brochard, voltigeuse depuis plus de 10 ans et gérante de Terre de cheval Spectacle Équestre. Sa discipline de prédilection ? La voltige cosaque.

Près de Nivillac, un petit théâtre dans un grand bâtiment en pierres, des chèvres, des moutons, un cheval de trait, une vache, des chevaux, des shetlands, des poules, un chat, un chien, voici toute la troupe d’Aurélie Brochard.

Aurélie découvre la voltige cosaque à 29 ans lors du remplacement d’une voltigeuse absente pour un spectacle et se forme rapirdement à la voltige : « Cela ne m’a posé aucun souci car j’avais pratiqué d’autres sports avant comme la natation synchronisée et le patinage artistique .

Participant à des animations médiévales, elle intègre la troupe de voltigeurs de Patrice Rémond, dans le sud de la France : “J’ai commencé par les animations en échasses, avec du feu et au fur et à mesure, je suis passée à cheval . Tournant de troupes en troupes, Aurélie crée sa propre compagnie en 2010 : Terre de Cheval. 

Le spectacle équestre anime la vie d’Aurélie Brochard depuis des années. (Crédit : DR)

Elle apprend à monter en poste (Le voltigeur est debout sur deux chevaux -minimum- en botte à botte, un pied sur chaque cheval, NDLR), avant de se perfectionner dans la voltige cosaque, conservant cette soif de découvrir de nouvelles méthodes : “Il y a quelques années, j’ai participé à un stage très intéressant sur la voltige classique avec la FFE, pour connaître d’autres techniques”.

La voltige, une discipline physique, de rigueur et d’adrénaline 

Alors que les voltiges classique et jockey se pratiquent en cercle, la voltige cosaque s’en différencie par la vitesse, en ligne droite. S’il existe des compétitions de voltige classique, dépendant de la FFE, les voltiges cosaque et jockey sont pratiquées en spectacle et en cirque

Pour le petit point histoire, la voltige cosaque est issue des techniques de guerre de certains peuples comme les Cosaques ou les Indiens d’Amérique, pour ramasser des objets au sol, se cacher derrière sa monture et faire croire qu’ils étaient morts ou au contraire remonter très vite sur le dos du cheval et surprendre l’ennemi et tenir des armes dans diverses positions.

Ce type de voltige est très vite devenu une discipline de spectacle, à laquelle des figures plus artistiques ont été ajoutées. Les figures plus typées “danse”, avec des pointes de pieds, ont doucement remplacé les techniques de guerre. Plus la voltige cosaque est pratiquée en ligne droite ou en cercle, plus le cheval va vite, plus elle est compliquée, et plus elle requiert des aptitudes physiques de la part du cavalier-voltigeur.

Ici, tout se fait en famille ou presque, chevaux et humain compris

Dans la voltige classique, Aurélie trouve somptueux le côté acrobatique sur le cheval et toute la précision qui en découle. Il s’agit d’être en parfaite symbiose avec le cheval. Concernant la voltige Jockey, “j’adore le côté aérien, quand nous sommes sur la croupe. Les postérieurs du cheval sont le prolongement de nos jambes. C’est une sensation très agréable, mais les figures sont plus limitées. C’est pour cela que je préfère la mixer avec le spectacle équestre”. La voltige Jockey demeure très physique, c’est pour cette raison qu’elle est davantage pratiquée par les hommes car elle requiert une grande force dans les bras. Aurélie préfère la voltige cosaque, pour la pratiquer en ligne, avec beaucoup de vitesse : “La tête en bas et les pieds en l’air, à fond au galop, j’adore !” 

La pratique de ces disciplines nécessite de la souplesse et de l’entretien physique. « Savoir monter et comprendre les mouvements est une chose, mais il convient de ne pas négliger les autres sports. La gym et la danse classique sont deux bons sports pour se muscler ».

La voltige Jockey est majoritairement pratiquée par des hommes, car elle nécessite une immense force physique. (Crédit : DR)

Il faut également être exigeant avec soi-même : “Il faut bien être précis et correctement se placer, peu importe les voltiges. Si on n’a pas de précisions, on tombe. Surtout en Jockey, avec “le debout” ou les figures (saltos,…). Quand on retombe, c’est au millimètre”.

La voltige, éducation et confiance du cheval

Le cheval doit faire preuve d’une autonomie, surtout en voltige cosaque puisqu’il se dirige sans rênes, à la voix : “Quand on prend notre élan pour faire des figures, nous sommes obligés de le prendre avec le cheval. Sentir les allures et les connaître, en totale synchronicité. Non seulement nous risquons de tomber mais en plus nous déstabilisons notre monture”.

L’éducation pour un cheval de randonnée par exemple, tonique et bien désensibilisé prend en moyenne deux à trois mois, pour les figures de base : “Pour les figures plus compliquées comme le passage sous l’encolure et le passage sous le ventre, même si le cheval reste stoïque, il faut tout de même attendre des années et être surs tellement nous prenons de risques à cheval. Les premières années, nous allons sortir les chevaux sur beaucoup de spectacles, mais faire des figures de bases, avant de passer aux figures plus complexes…Et encore plus avec les juments, qui sont plus sensibles. Ça peut être frustrant quand on repart à zéro avec un poulain… Mais il faut laisser le temps faire les choses”.

On leur donne notre vie

Au delà de l’éducation et de l’harmonie, il faut avoir une parfaite confiance en son cheval : “Si nous sommes à 30 km/h, en plein galop, et que nous avons la tête en bas et les pieds en l’air, ou accrochés seulement par un pied ou une main, il vaut mieux avoir 100% confiance en son cheval”.

Dans les cas où un longeur est présent, il doit être capable de gérer le cheval : “ Le longeur anticipe. D’un côté, il doit relancer la monture en cas de baisse d’allure, et d’un autre, sentir le moment. En cas de problème, il arrête le cheval, et s’assure auprès du voltigeur que tout va bien.” “On leur donne (au cheval et au longeur) notre vie. Si l’on ne se sent pas en sécurité, on va se retenir, ce qui sera contre ce que nous recherchons à faire.”

La relation avec le cheval est primordiale avant de pratiquer n’importe quelle des trois voltiges. (Crédit : DR)

Un matériel précis

Discipline alliant acrobatie et gymnastique, la voltige requiert un matériel précis. Pour la voltige classique, « nous allons nous référer au matériel de gym, soit un justaucorps et des chaussons de danse ou de gym » 

Pour la voltige cosaque,  » nous allons être habillés de manière plus épaisse, avec au moins un pantalon d’équitation, voire deux, et des chaussures car nous risquons de nous faire marcher sur les pieds. Pour les spectacles, nous utilisons des collants.« 

Les frottements avec l’étrier et la selle ne sont pas très agréables .« Nous attrapons facilement des bleus partout. Nous allons nous vêtir de bottes d’équitation portugaise, ou bien pour ma part, de chaussons de boxe : une semelle très fine et très souple, et qui va maintenir la cheville » . 

En voltige cosaque une selle est posée sur le dos du cheval. (Crédit : DR)

Concernant le matériel du cheval, seule la voltige cosaque nécessite une selle. Dans les autres types de voltige, un surfaix est utilisé. Cette selle de voltige Cosaque est constituée de 3 sangles pour que la respiration du cheval ne soit pas coupée en un seul endroit, mais soit au mieux répartie. Les étriers sont attachés entre eux par sécurité lors des figures.

Aurélie fait partie des rares en France à posséder une selle cosaque deux places, pour voltiger en duo. Elle est donc équipée de 4 étriers. Un voltigeur cosaque -mais pas que- est multi-casquettes, puisqu’il doit aussi être couturier, pour réparer au mieux son matériel, question de sécurité. Chaque selle cosaque est personnalisée selon la hauteur des bras et des jambes du cavalier.

Le surfaix de voltige classique est rigide avec de grosses poignées contrairement au surfaix de voltige jockey. (Crédit : DR)

En voltige classique et en jockey, un surfaix sera apposé sur le dos du cheval. De part et d’autre de la ligne du dos, se trouvent des poignées. Elles sont bien plus imposantes pour la voltige classique, car il faut pouvoir passer les pieds dedans pour faire “des debout”, ou réaliser des figures en équipe et avoir plus de points d’appuis pour tous les voltigeurs. Les poignées du surfaix de voltige jockey, sont quant à elles plus petites, pour faciliter le passage de jambes par-dessus le surfaix. En classique, les surfaix sont plus rigides, avec un arçon et des matelassures.

La Voltige classique, une discipline olympique

Cette voltige se pratique uniquement sur un cercle de 20 mètres, au deux mains possibles, à condition de prévenir le jury. Comme dans d’autres disciplines olympiques, des points sont distribués, aussi bien pour le longeur que pour le voltigeur. Le cheval aussi est noté : « On tient compte du physique du cheval, de sa musculature, de son dos. L’ensemble est noté ».

Dans les figures à réaliser, comme en patinage artistique, il existe deux programmes : un libre, et un imposé. Pour l’imposé, cela dépend du niveau dans lequel vous vous présentez. La marge entre certaines épreuves est très haute « Pour les épreuves de compétition dites “club” (comme en CSO ou en dressage par exemple, ndlr), il existe énormément de compétitions où le niveau est très faible. Par contre, dès que nous montons dans les épreuves “élites” là, le niveau monte en flèche. Il y a, certes, moins de compétiteurs, mais le niveau est très élevé ».

La voltige classique est une discipline olympique, rattachée à la FFE. (Crédit : DR)

Pour les autres types de voltiges, il n’existe pas de compétitions officielles. Il se tient de temps en temps des petites démonstrations, qui restent cependant amateures, par écuries, pour s’amuser. Les voltiges Jockey et Cosaque restent culturelles, perçues comme “un art du cirque”. Celles ne sont pas rattachées à la FFE : “Il est important de souligner que quelqu’un qui ne détient pas un BPJEPS ou un diplôme fédéral n’a pas le droit d’enseigner la voltige classique. Pour les deux autres voltiges, l’enseignement s’effectue de voltigeurs à voltigeurs”.

Testez la voltige cosaque et/ou la Jockey avec Aurélie Brochard

Aurélie propose diverses initiations, à commencer par l’art du cirque. Ces cours sont plutôt collectifs, destinés aux enfants et adolescents. L’atelier consiste à apprendre à s’échauffer et à avoir conscience de son corps, par des exercices au sol et avec des trampoline. Ensuite, les enfants découvrent le jonglage, le cerceau et le tissu aérien, avant de faire un peu de voltige, d’abord sur le bidon : “Il faut toujours passer par le bidon afin de préserver le dos du cheval”. L’atelier se conclut avec la réalisation de quelques mouvements de voltige vus sur le bidon, à cheval. 

Aurélie propose des cours d’initiation à la voltige, que nous avons pu tester. (Crédit : DR)

Tous les enfants peuvent participer à ce cours, surtout les zèbres, les neuroatypiques : « J’ai dans mes cours des enfants qui n’arrivent pas à s’intégrer dans un sport collectif. Je me retrouve beaucoup dans ces personnalités ci, car je le suis. Et suis très ouverte. Ça canalise les enfants hyperactifs, les enfants surdoués, ceux avec des troubles dys (dyspraxiques,…),… C’est génial et très intéressant de travailler avec eux. Ils vont progresser à une vitesse et ont une réelle soif d’apprendre et d’être occupés ».