Après trois ans passés à l’ESAO (European School of Animal Osteopathy) de Brighton en Angleterre, Nolwen Keraudren est ostéopathe animalière. Titulaire de son diplôme en 2004, elle exerce à son compte depuis 19 ans. Nolwen Keraudren intervient dans un périmètre d’une heure de route en voiture de Nort-sur-Erdre.
Pourquoi choisir de devenir ostéo ?
Je souhaitais m’occuper des animaux, et j’ai moi-même bénéficié d’un traitement ostéopathique. N’ayant pas été retenue en école vétérinaire, ce métier me plaisait particulièrement… A l’époque, l‘ostéopathie animale était principalement dédiée aux chevaux. Donner du bien-être à tous les animaux confondus constitue ma source principale de motivation.
Y-a-t-il des examens particuliers à passer en plus du diplôme ?
L’examen à passer auprès de l’ordre des vétérinaires est obligatoire, ainsi que le versement d’une cotisation annuelle à cet ordre. Je suis validée. C’est illégal d’exercer sans être inscrit à l’ordre des vétérinaires, au Registre National d’Aptitude, et dans ce cas, le praticien n’est pas assuré.
En quoi consiste l’ostéopathie équine ?
L’ostéopathie équine vise à redonner du mouvement par des techniques manuelles. Cela permet de revasculariser les zones, enlever des déchets, de limiter la douleur, le stress,… Et ce dans tout le corps.
En quoi l’ostéopathie équine est-elle différente du shiatsu ?
Le shiatsu c’est de la médecine traditionnelle chinoise. Les shiatsuki travaillent avec de la digipuncture sur les méridiens. Ils vont vérifier s’il y a de l’énergie qui passe. L’ostéopathie se concentre sur des zones de restrictions de mobilité.

Pourquoi faire appel à un ostéopathe ?
Quand le cheval réagit à la brosse lors du pansage, des difficultés au travail dans certains mouvements, certaines boiteries, des douleurs de dos, des difficultés au sanglage. Nous pouvons travailler sur la grille costale et les douleurs thoraciques (pour un cheval emphysémateux), ou au niveau des douleurs lombaires et ovaires (pour les poulinières),… Autant de cas où une séance d’ostéo ne peut que soulager le cheval.
A quelle fréquence, par an, un cheval doit-il voir l’ostéo et à quelle période de l’année ?
Une fois par an au minimum, cela dépend de l’activité du cheval. Les chevaux de courses, par exemple, je les vois plus souvent.
Donner du bien-être à tous les animaux confondus constitue ma source principale de motivation.
Si c’est un cheval qui sort en concours modérément, il est judicieux de le voir en novembre/décembre, pour profiter de la pause hivernale pour bien travailler la musculature.
Les étalons doivent être vus au moins une fois en fin de saison de monte naturelle ou artificielle. Le fait de monter sur la jument, qui, soit dit en passant, peut bouger, ou selon la position, le fait que parfois ils s’énervent, ou encore sont pressés, ils se verrouillent dans l’arrière-main. Pour les juments, il est intéressant de les voir après le poulinage. Concernant les poulains en croissance, il faudrait les voir idéalement deux fois par an, et c’est bien de voir les chevaux après la castration aussi !
Quel coût faut-il envisager par séance ?
Assujettie à la TVA, quand je me déplace, pour un cheval je prends 96€ TTC, et 84€ TTC par cheval quand il y en a plusieurs. Je ne prends pas de frais de déplacements, je m’arrange pour rassembler les rendez-vous.
Le propriétaire doit-il préparer en amont son cheval et si oui comment ?
Je demande juste à ce que le cheval soit sec, surtout l’hiver. Il est beaucoup plus difficile de passer à travers le poil d’hiver mouillé. Cela fait écran.
Comment se déroule une séance ?
J’observe d’abord le cheval fonctionner, au pas et au trot, dans une ligne droite et en virage. Ensuite, je teste le cheval sous tous les angles. Selon les blocages relevés, je consacre la séance à délier tous ses points de tensions. Et pour finir, je revois le cheval fonctionner au pas et au trot, en ligne droite et en virage.
Il faut compter 45 minutes à une heure par cheval selon les cas. En écurie de course, sur les chevaux que je suis très régulièrement, je compte 35 minutes.

Pouvez-vous nous donner cinq techniques de manipulation que vous réalisez durant la séance ?
Il existe cinq techniques majeures durant une séance :
- la partie tissulaire (selon Pierre Tricot),
- le travail sur le viscéral
- la partie structurelle : mettre en tension l’articulation et aller un petit peu au-delà de ce qui peut être fait habituellement.
- La FTM (Force de Traction Médullaire) : La moelle épinière étant en tension, nous allons exercer une pression pour enlever un maximum de tension.
- Les « traits-tirés » : tracer des lignes à certains endroits très spécifiques, pour avoir une certaine détente du patient… (y compris les plus perméables à la manipulation)
Il existe une multitude de techniques de manipulations pendant la séance pour soulager et donner un maximum de bien-être au patient.
Quel protocole le gardien doit-il respecter après la séance ?
Je vais adapter la reprise du travail progressive post-séance en fonction de ce que j’aurai senti… mais il est très important que le cheval travaille à la suite de la séance. Je vais également beaucoup échanger avec le propriétaire sur les habitudes du cheval et ainsi, adapter le protocole de reprise du travail : ligne droite ou grands cercles, sur des allures symétriques (pas et trot).
Si les garrots sont bloqués, je privilégie plutôt la longe, tandis que si l’arrière-main est bloquée, je recommande de la ligne droite au pas et au trot. Il est très important de rester sur des allures symétriques.
Et si les deux sont bloqués, il faut faire de très grandes courbes au pas et au trot.
Quels sont les bienfaits constatés par le propriétaire après une séance ?
Tout dépend des pathologies pour chaque cheval. Mais bien souvent, il le trouve plus délié, de la fluidité dans les mouvements, des points de blocages enlevés, comme au niveau de la mâchoire ou des douleurs thoraciques,…

Constatez-vous une prise en considération du bien-être du cheval ? Cela concerne-t-il tous les chevaux ?
Les propriétaires font de plus en plus attention à leurs chevaux en général.
Du côté des courses, les gens ont tendance à dénigrer ce monde, mais pour rappel c’est leur outil de travail… ! Ils sont bien conscients que les animaux doivent être en forme et aient toutes leurs capacités pour pouvoir gagner lors des courses.
L’ostéopathie redonne du mouvement
Je n’ai pas beaucoup de traits … J’ai quelques écuries dans lesquelles les traits sont très présents, et quelques particuliers. La majorité des propriétaires que je vois sont en activité avec leurs traits. Il y a plus de chevaux de sport ou de loisirs que de chevaux de traits.
Les éleveurs quant à eux, sont en général aux abonnés absents… C’est dommage car certains chevaux auraient bien mérité d’être vus jeunes. Le problème aurait pu être amélioré voire résolu au lieu de s’installer.
Un message qui vous semble important à faire passer ?
L’ostéopathie c’est hyper important, ça redonne du mouvement… Mais derrière, il est primordial de travailler correctement son cheval et d’aboutir à un cheval bien musclé et harmonieux ! Cela limite les risques de blocage. Si derrière le cavalier part à fond dans les champs en faisant n’importe quoi, c’est inutile.
Informations utiles : Nolwen Keraudren – 06 75 63 98 40