Tempête

Christian Duguay : « Tempête, un film solaire »

Sorti mercredi 21 décembre, le film Tempête porté par des acteurs de talent (Mélanie Laurent, Pio Marmaï et Carmen Kassovitz) se présente comme une ode à la résilience à travers l’histoire de Zoé qui a grandi dans le haras normand de ses parents.

Son rêve ? devenir jockey comme son père. Un soir d’orage, sa jument Tempête, affolée, la renverse et la rend paraplégique. Une histoire familiale qui allie passion et amour. Entretien avec le réalisateur québécois Christian Duguay, qui renoue avec l’univers des chevaux, 9 ans après Jappeloup. (2013)

Vous avez déclaré que Tempête était « l’un des films dont vous étiez le plus satisfait ». Pour quelles raisons ?

Je suis très fier de ce film, car il tombe dans une période parfaite traitant de résilience, après la crise sanitaire que nous avons vécue. C’est un film qui rappelle aux gens que l’on peut beaucoup apprendre malgré les obstacles et qu’il est possible de ressortir grandi et plus fort du handicap. De ce malheur qui s’abat sur Zoé, elle le transforme en force et rage de vivre. Malgré le drame, ce film est solaire. Les rêves brisés, la résilience, le handicap, l’amour, Tempête coche toutes les cases pour toucher le public sans pour autant sombrer dans le pathos. Je reste toujours à la recherche d’authenticité, de réalisme, avec du grand spectacle.

Le film traite également du rapport à l’animal. Quel message souhaitiez-vous transmettre ?

Tempête parle d’un compagnon de vie, d’un accompagnant, de ce lien homme cheval, tout en sensibilité que j’avais déjà évoqué dans Jappeloup. Dans l’ouvrage de Christophe Donner, Tempête au Haras dont le film est une adaptation, l’auteur parle du handicap et du monde des chevaux.

témoigner de cette spiritualité entre l’homme et le cheval et des vertus de l’équithérapie

J’ai introduit le personnage autiste de Sébastien dans Tempête pour montrer l’existence d’un langage différent avec l’animal, qui nous dépasse et se situe au niveau des ondes. J’ai souhaité mettre ce personnage au centre pour témoigner de cette spiritualité entre l’homme et le cheval et des vertus de l’équithérapie. Pour ma part, passionné par l’univers des chevaux, j’ai fait une rencontre avec un cheval qui m’a marqué à vie et avec lequel j’avais tissé un lien très fort.

Pourquoi avoir choisi en partie la Normandie comme lieu de tournage ?  

La Normandie est une terre de purs sangs trotteurs, c’est une terre qui possède une histoire inscrite dans sa chair, qui a vécu la guerre, le débarquement, qui offre également des paysages contrastés et puissants, propices au spectacle du film. C’est une terre de résilience qui incarne tout le message du film.

Tempête aborde en effet l’univers des courses. Était-ce un milieu que vous connaissiez ?

J’ai découvert l’univers des courses dans les haras de Normandie, loin des clichés du PMU et des paris. Le monde des courses apparaît souvent stigmatisé. Lors du tournage et des rencontres, j’ai vu comment les chevaux aimaient courir, on les force pas, ils forment un véritable tandem avec les coureurs. Je voulais montrer ce respect du cheval dans sa dimension d’athlète.

En tant que cinéaste, quelles difficultés avez-vous rencontrées au cours du film ?

Le film représente 3 ans de travail, ce qui a nécessité une évolution des personnages, surtout de Zoé pour laquelle il a fallu trouver 3 actrices. Et puis nous avons eu besoin de 7 chevaux pour ne faire qu’une seule Tempête et lui donner une personnalité, il a fallu créer des perruques et du maquillage ! Au total, ce sont 300 chevaux coureurs et cascadeurs qui ont été sollicités pour ce film. J’ai de nouveau fait appel à Mario Luraschi, qui dresse les chevaux. Il possède ce don de leur parler et d’être dans l’échange pour les amener à jouer avec les acteurs.

Et puis, le côté immersif n’était pas simple, mais comme je gère toute la partie caméra, je reste au plus près des scènes d’action et des scènes intimes, ce qui permet de capter plus rapidement, toujours dans cette quête de réalisme.

Des anecdotes ?

Nous avons tourné le premier jour la scène de la double naissance, celle de Zoé et de Tempête. D’ailleurs, nous avons fait appel à 4 poulinières, et c’est la 4 ème qui a pouliné au bon moment. C’était une scène compliquée, à l’image de toute la réalisation du film. Dans la nuit, j’ai été diagnostiqué positif de Covid, les acteurs ont du tous se faire tester et il a fallu arrêter le tournage. Tempête s’est avéré difficile à monter, à mettre en place avec la pandémie et les contraintes diverses. C’est un film pétri de complexités !