Gardienne d’équidés et passionnée par la flore depuis son enfance, Annabelle Cottreau propose des diagnostics prairiaux en Loire-Atlantique, dans un périmètre géographique de 2 heures autour de Nantes afin d’aider les propriétaires à reconnaître les plantes toxiques dans leurs champs ou prés.
Quel est votre parcours ?
Il s’agit avant tout d’une transmission familiale, une sorte d’héritage, que j’ai un peu laissé de côté à l’adolescence, même si j’étais toujours autant émerveillée et fascinée par la flore que je rencontrais. L’envie d’en apprendre davantage est revenue à l’âge adulte.
Je me suis alors vivement intéressée à la flore sauvage comestible, puis médicinale, et une porte en ouvrant une autre, à la flore prairiale, surtout celle qui cohabite avec mes équidés. Je me suis donc formée auprès de naturalistes, de botanistes, de cueilleurs, mais aussi grâce à des supports divers et variés.
Un moment de partage avant tout
Des amis ont alors commencé à faire appel à mes connaissances, puis une rencontre avec une botaniste de renom dans le milieu m’a incitée à sortir de ma réserve. Mais en toute honnêteté, c’est l’arrivée dans ma vie de Daiane, ma jument, petite trotteuse complétement addict au séneçon jacobée qui m’a poussée à emprunter ce chemin.

En quoi consiste un diagnostic prairial ?
Un diagnostic prairial consiste en un inventaire floristique, mené en présence du propriétaire des équidés, ou de la prairie, ou des deux, axé essentiellement autour des plantes toxiques pour les équidés, mais pas que ! Il est aussi possible d’aborder les plantes médicinales, mais également les sauvages comestibles, parfois nombreuses dans les pâtures.
Mais c’est avant tout un moment de partage, pas uniquement une simple consommation de connaissances, je tiens beaucoup à ces échanges. Aussi, c’est à la personne qui me fait intervenir de prendre des photos, des notes, de faire sa part. De par mon expérience, je sais qu’être acteur est le meilleur moyen d’apprendre.
Rien ne vaut le terrain et les rencontres humaines
Mais je reste bien sûr disponible si besoin, comme un support bienveillant. C’est ainsi que je fonctionne et c’est ce qui me correspond le mieux. J’interviens essentiellement dans un rayon de deux heures maximum autour de Nantes, et je ne souhaite pas aller au-delà. Sauf circonstances exceptionnelles.

Existe-t-il des formations spécifiques ?
Il existe aujourd’hui de nombreuses manières de se former, les cours de botaniques, les webinaires, les livres, les stages pratiques, je pense notamment à ceux proposés par Equiflore, d’une très grande qualité.
Je pense qu’il est important de trouver la source d’apprentissage qui nous correspond le mieux. Pour moi, rien ne vaut le terrain et les rencontres humaines, libre à chacun de creuser plus loin ensuite.
Quelles plantes se révèlent toxiques pour les chevaux et auxquelles tout propriétaire doit faire attention au pré ou en balade d’ailleurs ?
Tout dépend de la saison, et de la région en fait. D’une manière générale, je pense immédiatement aux sénécons, jacobée, du cap ou commun, qui peuvent vite devenir très envahissants, à la porcelle enracinée aussi, à certaines plantes photo sensibilisantes, comme le millepertuis perforé, certaines apiacées, aux glands, la liste peut être très longue…Ces plantes sont responsables de pathologies mortelles ou laissant de graves lésions.

En extérieur, je reste toujours très vigilante concernant les lieux d’attaches, je déconseille fortement d’attacher son cheval à un buis, à un if, à un robinier faux acacia, à un thuya, ou sous les érables sycomores et negundo, ou à proximité d’un pied de berce du Caucase par exemple. D’ailleurs évitez également de vous y frotter ! C’est pour cette raison qu’il est important d’apprendre à les identifier. Et si ces plantes sont problématiques en extérieur, il paraît évident qu’elles le sont tout autant dans une prairie !
A contrario, quelles sont les plantes méconnues que les chevaux peuvent manger et qui présentent des vertus pour eux ?
Connues, méconnues, c’est difficile à dire, ça dépend tellement des connaissances de chacun.une . Classiquement, dans la flore prairiale, on va retrouver les plantains, les mauves, l’achillée millefeuille, les pissenlits, la reine des près si le milieu s’y prête, les églantiers, avec leurs fruits, les saules, les frênes et tant d’autres !

Instinctivement, les chevaux ont-ils tendance à se méfier des plantes toxiques et à faire le tri par eux-mêmes ?
C’est une idée rassurante, et largement répandue, mais la réalité est plus nuancée. Oui, et non en fait ! La majorité le fera, et puis il y a les autres. Certains auront reçu les meilleures bases pour être de bons trieurs, vie en extérieure et en troupeau depuis la naissance, et pourtant, ils seront dépourvus de bon sens. J’en ai un merveilleux exemple avec ma jument. A contrario, d’autres n’auront pas eu cette chance, mais auront un instinct très développé.

Concernant les arbres, certaines espèces sont-elles à bannir absolument pour les chevaux ?
Oui, les robiniers faux acacia, les érables sycomores et negundo, les buis, les ifs et thuyas, sont ceux qui me viennent spontanément à l’esprit. Je ne parle pas des chênes, car la cohabitation avec les équidés est tout à fait possible, si l’on est vigilant au moment de la glandée et dans les mois qui suivent.
Des conseils, messages à faire passer aux propriétaires ?
Formez-vous ! Connaître ce qui compose sa prairie, et même son foin, ces éléments permettent de gagner un temps précieux en cas de problème. Il faut également garder à l’esprit que cette flore que l’on voit comme un danger pour nos équidés, est une véritable aubaine pour d’autres espèces animales. Une prairie n’est pas que le lieu de vie et le garde-manger de nos équidés, et plus elle sera riche en biodiversité, mieux elle se portera, et plus elle sera stimulante pour nos protégés.
Il faut également garder à l’esprit que cette flore que l’on voit comme un danger pour nos équidés, est une véritable aubaine pour d’autres espèces animales
Et puis certaines plantes toxiques, sont aussi médicinales, elles sont même nombreuses dans ce cas, je trouve que c’est une donnée importante à prendre en considération.
Alors soyez informés, soyez vigilants, mais sans tomber dans la peur, observez vos chevaux, et surtout, faites de vos prairies, une terre happy, un lieu où cultiver votre bonheur et celui de vos protégés !