Durant l’été, notre rédacteur aventureux a testé la confection de briques de crottins de cheval afin de se chauffer cet hiver. Fabrication, séchage, combustion, odeurs… retour d’expériences.
Qui s’occupe d’équidés se trouve confronté régulièrement à leurs déjections. A la vue des volumes générés, nécessitant déplacement puis stockage, souvent la question se pose de leur valorisation.
Ainsi, certaines sociétés comme Equibûches transforment déjections et copeaux de bois issus des écuries en combustible. Leur procédé : sécher le mélange par chauffage puis le compresser densément afin d’obtenir un matériau compact au fort pouvoir calorifique. Selon ces entreprises, les bûches obtenues brûlent plus fort et plus longtemps que le même volume de bois.
Pourquoi ne pas tester une solution basée sur le même principe facile à mettre en place sans matériel complexe ? Riche en fibres végétales, tout comme le papier ou le carton, mais déjà humide, le crottin de cheval frais se prête très bien à la fabrication artisanale de briques compressées.
Collecter et compresser le crottin de cheval avec un presse briquette
Seul matériel nécessaire : un presse briquette initialement destiné à compresser le vieux papier journal. Les avantages ? Son coût réduit dû à la disponibilité de ces appareils sur le marché de seconde main, sa facilité d’utilisation et son faible encombrement.
la fabrication s’effectue sur place, directement dans le paddock
Facilité, rapidité, propreté, voilà les maîtres mots de ce test. Pas question de manipuler le crottin, de le déplacer sur plusieurs mètres ou d’utiliser des appareils encombrants ou complexes : la fabrication s’effectue sur place, directement dans le paddock.

La technique reste simple : à même le sol, disposer une feuille de papier journal dans l’appareil, remplir de crottin de cheval frais à l’aide d’une fourche, refermer le presse briquette avec le plateau et monter avec les deux pieds sur l’ensemble pour compresser la bûche.

Retirer la bûche délicatement pour la déposer dans une caisse, dans laquelle elle restera pour le séchage puis le stockage.
Un séchage rapide obligatoire
Une fois en caisses, les bûches sèchent par l’action combinée du soleil et du vent. Comme pour le bois de chauffage ou le linge de la dernière lessive, deux principes restent fondamentaux pour une évacuation rapide de l’humidité : une aération importante et la protection contre l’eau extérieure. Ici, l’utilisation de caisses bleues à champignons facilite le déplacement des bûches en fonction de la météo et leur mise à l’abri de la pluie ou de la rosée du matin jusqu’à leur séchage complet avant stockage.

Attention, si de l’humidité subsiste au moment de remiser les bûches en attendant les grands froids, des champignons risquent de se développer et de puiser l’énergie stockée pour l’hiver ! Cultiver des champignons de Paris avec le crottin ? Pourquoi pas, mais ça n’est pas ici l’objectif recherché !
Une combustion des bûches de crottin lente et peu odorante
Réalisée au rythme de la digestion des équidés durant la canicule de juin 2022, la dizaine de caisses de combustible empilées, à raison de quatre bûches par étage, a séché en quelques jours seulement. Ne restait plus qu’à stocker la quarantaine de briques de crottin en attendant les rigueurs de l’hiver.
L’objectif ? Valider ou non le process de fabrication, d’une part, et surtout répondre à deux questions fondamentales : l’intérêt calorifique de la chauffe et l’odeur dégagée dans le logement par la combustion.
répondre à deux questions fondamentales : l’intérêt calorifique de la chauffe et l’odeur dégagée dans le logement par la combustion
Avec l’arrivée du froid et la remise en activité de la cheminée, l’expérience débutée six mois plus tôt en pleine chaleur estivale continue en décembre. Une fois le feu bien établi dans l’âtre, la première bûche de crottin de cheval déposée sur les braises s’enflamme. Premier constat : dans un foyer déjà chaud, la brique s’allume facilement. Une légère fumée s’échappe et rappelle au nez la provenance du combustible.

Oui, ça sent le cheval, mais l’odeur reste subtile et non désagréable. De même qu’un feu de bois émet des senteurs spécifiques, le crottin en se consumant diffuse une odeur caractéristique mais qui demeure, pour les personnes assistant au test tout à fait acceptable. Test olfactif validé !
L’odeur ne pose pas de problème, mais les déjections équines, au delà de la simple curiosité représentent-elles un intérêt dans une stratégie de chauffage domestique économique ? Difficile de répondre à cette question dans la cadre de ce simple test, sans réaliser de mesures précises. A première vue, au ressenti, la chaleur dégagée semble forte et la combustion lente.

Alors, fabriquer ses propres bûches de crottin de cheval frais pour se chauffer l’hiver, bonne solution ou idée farfelue ? La réponse dépend de nombreux paramètres : écologique, économique, accès local à la ressource, temps disponible, lieu de stockage adéquat… mais ce test rassure sur la bonne combustion de la brique 100% crottin et sur l’absence de mauvaises odeurs.