Installée à son compte depuis 4 ans, Solène Lemoine, communicatrice animalière à Nantes, exerce ce métier à plein temps. La jeune femme de 33 ans réalise 15 à 17 communications animales (CA) par semaine au maximum, sur tous les animaux, domestiques ou sauvages. En moyenne, il faut compter deux semaines d’attente maximum après la prise de rendez-vous. Il y a 10 ans, Solène a découvert par hasard cette capacité qu’elle transmet au cours de ses stages.
En quoi consiste la communication animale ?
La communication animale (CA), c’est la capacité d’échanger avec les animaux pour obtenir des informations par la pensée, afin d’aider leurs gardiens à mieux les comprendre.
Quelles sont les qualités requises ?
L’écoute, l’empathie, la confiance en soi, le lâcher-prise s’avèrent essentiels. De plus, aucune pensée ne doit venir parasiter la CA sur le moment.
Dans la communication animale, il faut avoir plusieurs casquettes. J’ai un côté psychologue, médiateur, comportementaliste, communicateur animal-humain,…
En quoi est-ce un métier ?
Je ne vois pas cela comme un métier. Il s’agit davantage d’une démarche, je me rends utile et aide les personnes. Pour moi un métier va de pair avec des contraintes, et je n’en ai pas, tellement cette activité me plaît. C’est plutôt une passion.
À quel jugement ou à quels préjugés pouvez-vous avoir affaire ?
Que je suis complètement cinglée ! Que je ne suis pas nette dans ma tête ! Sinon, parmi les remarques récurrentes, on me dit que « ça ne fonctionne pas et que c’est impossible à faire ». Les gens ont beaucoup de mal à concevoir que l’on peut rentrer en communication avec les animaux et obtenir des informations tellement cela paraît improbable…
C’est être un peu psychologue pour animaux
Et en même temps de ce que l’on nous apprend quand on est petit, ça l’est : un chien aboie, un chat miaule,… Or en se détendant, il est possible de recevoir les informations. Et encore, les gens s’ouvrent de plus en plus !
Communiquer avec les animaux, est-ce inné ?
C’est inné d’avoir la capacité. Mais devenir communicatrice animalière nécessite un apprentissage à long terme, où vous apprenez à repérer des schémas, à savoir les interpréter ou décoder… C’est être un peu psychologue pour animaux.
On apprend sur le tas, par expérience. Il faut être observateur, analyser pour déduire des choses et rebondir sur ce que nous ont dit les animaux ou les humains. Dans la communication animale, il faut présenter plusieurs casquettes. J’ai un côté psychologue, médiateur, comportementaliste, communicateur animal-humain,…
Comment gagner la confiance des propriétaires, et « séduire » les plus sceptiques ?
Je laisse parler mon travail de lui-même. Dans les CA, je sors toujours des détails que je ne peux pas connaître sur la vie des gens. C’est d’autant plus convaincant quand je le fais par téléphone, quand je ne suis pas chez les gens. Je ne connais pas l’environnement ou l’attitude de l’animal et quand je décris tout cela, sans avoir rencontré l’animal mis à part en photo, les gens sont stupéfaits.
Quelle situation avez-vous pu débloquer ?
Les douleurs chez les animaux me touchent le plus. C’est une problématique très importante car sa prise en compte permettra de faire intervenir le professionnel adapté. Si un cheval bouge à l’attache ou au montoir, je lui demande les raisons et lui explique que cet acte peut être dangereux à la fois pour lui et pour la personne à ses côtés.
Vous est-il déjà arrivé de vous faire voler une communication animale par un autre animal ?
Oui ! Certains ont des choses très importantes à me communiquer. Une fois, un cheval est arrivé au galop devant moi et m’a dit que sa gardienne lui manquait, qu’il n’était pas bien sans elle. J’ai pris le message de ce cheval, l’ai transmis à la propriétaire des lieux, avant de reprendre la communication avec le premier cheval.

Comment se déroule une séance type de communication animale ?
Au début du rendez-vous, je demande ce qui pose problème au gardien de l’animal. En effet, ce qui pose problème au gardien ne pose pas forcément problème à l’animal. Ensuite, je lui demande ce qu’il aimerait que l’animal change. D’où vient la problématique et comment faire pour la régler ?
La communication animale peut être un super outil dans le travail des professionnels du milieu animalier
Et après je me tourne vers l’animal : Pourquoi fait-il tel ou tel acte, et comment procéder pour qu’il arrête de faire ce qui pose problème au gardien ? Et pourquoi pas, plus tard, reprogrammer une CA avec l’animal pour le féliciter de ses efforts. C’est très important de ne pas tout le temps être dans le reproche et de les féliciter !
Préférez-vous entrer en communication par photo ou en face-à-face ?
En face à face ! J’adore les rencontrer, les voir,… Si je fais ce métier-là, c’est pour être à leur contact. Je pense aussi que mes clients, quand c’est possible, aiment bien me rencontrer, comprendre qui je suis, ce que je dégage, voir les affinités,… En face à face je peux aussi prendre en compte la problématique de l’environnement, ce qui permet d’obtenir des éléments supplémentaires. Disons que le visu me fait gagner du temps.
Quels sont les éléments les plus compliqués dans la perception de ce que nous envoient les animaux en CA ?
Percevoir les couleurs ! C’est différent pour les animaux et les humains. La notion du temps et de distance également. Réussir à retranscrire une durée ou encore une longueur sur une sensation, c’est hyper difficile. Il est compliqué également de savoir les prénoms. Pour eux, un prénom signifie quelque chose : par exemple, Grincheux : l’animal connaît la signification par rapport à l’émotion. De même, les animaux comprennent mal les mots longs.

En moyenne, une fois par mois, vous proposez des stages d’une journée pour apprendre la CA. Pouvez-vous nous en parler ?
Tout le monde est capable de pratiquer. J’essaye de proposer des stages sur une journée, pour que ce soit accessible à tous, financièrement ou émotionnellement. Cela me tient vraiment à cœur que les humains et les animaux cohabitent en paix. J’aime aussi beaucoup transmettre mon savoir et enseigner.
Proposez-vous des stages de différents « niveaux » ?
Je n’aime pas dire niveau, car j’ai l’impression de classifier les gens. Chacun avance à son rythme.
Je propose deux types de stages : l’initiation à la CA, sur une journée, et des stages d’entraînements, sur une demi-journée. Tous les mois, je propose un stage d’initiation, et je rajoute de temps en temps, selon les demandes un stage d’entraînement.
Un message à faire passer ?
D’une façon globale, aujourd’hui, être à l’écoute des autres, c’est aussi être à l’écoute de soi. On se connaît mieux, donc on connaît aussi mieux les autres. Il est également essentiel de se remettre en question. Ce n’est pas une faiblesse mais c’est une force qui permet d’avancer.
Et enfin, j’ajouterais que la communication animale n’est pas adressée qu’au particuliers. Elle peut être un super outil dans le travail des professionnels du milieu animalier. Par exemple, pour savoir où se situent les douleurs en particulier, ou même débloquer certains comportements de l’animal.
Renseignements : Solène Lemoine, De la pensée à la parole, 06.65.77.20.30 Delapenseealaparole@outlook.fr
Prochaines dates de stage en mars :
* stage d’initiation : le 18 et le 25 mars (une date au choix)
* stage d’entraînement : le 15 mars