Marie Bufferne, le para-dressage pour résilience

Cavalière atypique, installée à Nantes en Loire-Atlantique depuis 2017, Marie Bufferne a fait de son handicap une force. La découverte de l’équitation très jeune bouleverse sa vie, la poussant à concourir aux championnats de France de para-dressage à plusieurs reprises avec des podiums à la clé. Son ambition ? Les championnats de France en novembre 2023. Elle souhaite également avancer le plus loin possible sur des échéances importantes. Pour concrétiser son rêve, la jeune femme recherche activement des sponsors.

« Je suis montée à cheval à l’âge de 5 ans avant de savoir marcher », confie Marie Bufferne. Une révélation et un moment magique qui demeurent gravés dans la mémoire de la jeune femme, atteinte, depuis sa naissance, du syndrôme dit de Little.

Cette maladie invalidante génère des raideurs musculaires ainsi qu’un manque d’équilibre. « Les sorties à pied se révélaient impossibles pour moi, puisque je n’ai marché qu’à l’âge de 8 ans. Grâce à une voisine cavalière, j’ai alors pu me déplacer à dos de poney ».

Une passion pour l’équitation qui ne la quitte plus avec un rêve l’animant au quotidien, celui pour lequel elle se bat malgré son handicap, participer aux Jeux Paralympiques de 2024 : « le Saint Graal pour tout sportif en situation de handicap ».

A Cheval sans Différence, le projet d’une vie

Enthousiaste, débordant d’énergie, dotée d’une force mentale hors norme, la sportive se lance alors dans le challenge des championnats de France de para-dressage auxquels elle participe en mai 2003, après un an auprès de Fabrice Bossuyt, entraîneur de l’équipe de France à cette époque.

Icare, le premier cheval de Marie et son maître d’école. Crédit Photo DR

Des efforts et une volonté d’acier récompensés : la jeune sportive se qualifie avec une médaille d’argent. « Une belle revanche sur la vie » qui se poursuit avec l’acquisition en 2005 de son premier cheval, Icare de Fontenay puis de sa jument Sally au caractère bien trempé. Lorsqu’elle évoque ses partenaires, Marie a les yeux qui brillent. « Mes chevaux, c’est ma vie »

Les jeux paralympiques de 2024 : le Saint Graal pour tout sportif en situation de handicap

La relation de complicité nouée avec sa jument Sally, la prévention dont celle-ci témoigne envers Marie, autant d’éléments qui offrent à la cavalière confiance et sécurité pour la maîtrise du para-dressage.

Le para-dressage, une discipline équestre exigeante

Reconnue par la Fédération Équestre Internationale (FEI), avec l’attelage, intégrée aux Jeux Paralympiques en 1996, puis aux Jeux Équestres Mondiaux depuis 2010, cette discipline, souvent considérée comme un art, issue la tradition de l’équitation classique requiert un véritable savoir-faire.

Un cours d’équitation pour moi demande deux fois plus de temps que pour un cavalier valide

Le cavalier et son cheval exécutent une série de figures au cours d’un programme appelé reprise, imposé ou libre et en musique. Les juges évaluent l’aisance et la fluidité dans les mouvements du couple cavalier/cheval et attribuent une note allant de 1 à 10..

Concentration optimale avant toute compétition. Crédit photo DR

La pratique du para-dressage nécessite un matériel adapté, qui allie confort et performance. «  Un cours d’équitation pour moi demande deux fois plus de temps que pour un cavalier valide. Il a fallu que je dresse Sally pour qu’elle accepte le treuil ».

Ce qui a nécessité la mise en place de codes pour que Marie puisse positionner ses jambes. La cavalière est équipée d’un baudrier d’escalade, Sally se trouve située à l’arrêt à côté d’elle, une personne actionne le treuil jusqu’à hauteur du dos de sa jument. Ensuite Sally se décale à gauche lorsque Marie le demande puis attend que sa cavalière vienne se poser sur son dos.

Marie et sa jument Sally aux championnats de France 2022. Crédit photo DR

« Sally fait preuve de beaucoup de patience, elle est très concentrée. Une fois que je suis à cheval, Sally est fière, elle se décontracte en mâchant son mors. Elle sait tout ce qu’elle doit faire, elle anticipe et se met à piaffer si je ne vais pas assez vite », sourit la jeune femme qui s’entraîne à l’écurie du Latay à Fay de Bretagne, à proximité de Nantes.

En quête de sponsors

Cultivant une motivation sans failles, grâce à un parcours riche de rencontres qui l’ont aidée à grandir et progresser, parmi lesquelles Marianne Blot, ostéopathe équin à Fay-de-Bretagne et Bernard Sachsé, cascadeur devenu paraplégique suite à un accident sur un tournage, Marie ne cache pourtant pas les difficultés auxquelles elle se trouve confrontée :

« La compétition demande beaucoup d’efforts que ce soit sur le plan physique ou financier. Une équipe aide à me préparer (ostéopathe, kinésithérapeutes, préparateur physique …) mais certains soins ne sont pas pris en charge. Le cheval, considéré comme un vrai athlète, a besoin en plus de mes entrainements d’être travaillé par une personne valide pour rester performant. L’entretien d’Icare et Sally, l’entraînement et la compétition me reviennent donc très cher. Il faut trouver une solution, même en travaillant, ce n’est pas suffisant ».

L’équitation est un défi au handicap

Afin de continuer sur sa lancée, la cavalière a donc besoin de partenaires et de sponsors. Une recherche qui monopolise une partie de son temps « La Banque Populaire a sponsorisé une partie de ma jument. En tant que sportive, le département de Loire-Atlantique m’aide avec une subvention ». Marie tient également à remercier l’association Handi Equi Compet ainsi que ses autres partenaires qui l’accompagnent sur le chemin du handisport.

Marie entourée de Marianne Blot, Hélène Blot et Bernard Sachsé. Crédit photo DR

Même si Marie prend une partie des coûts à sa charge, le budget d’entretien, de soins, de participation aux championnats, de cours, revient à environ 44000 euros par an. D’où la nécessité de trouver des sponsors.

Lorsqu’elle monte sur Sally, Marie a besoin d’un treuil. Crédit photo DR

La cavalière ne veut pas baisser les bras. Son rêve ultime ? Accéder aux Jeux Paralympiques qui se dérouleront à Versailles du 28 août au 8 septembre 2024. « L’équitation est un défi au handicap », conclut Marie.

D’ailleurs, la jeune femme intervient au sein d’écoles pour témoigner de son parcours, partager son expérience et redonner de l’espoir à ceux qui comme elle connaissent le handicap.

Renseignements :

Marie Bufferne, marie.bufferne@gmail.com

06 70 03 67 05