Le Pied à l’Etrier : Reprendre les rênes de sa vie grâce au cheval à Saint-Herblain

Initié par le département de Loire-Atlantique, le projet « Le Pied à l’Etrier » réunit un groupe de dix femmes suivies par l’EDS des Dervallières, rencontrant des difficultés (sociales, familiales, financières) autour de 5 séances de médiation équine. Reportage au poney-club de la Salantine à Saint-Herblain.

Vendredi 31 mars. 12 heures. Une dizaine de femmes débriefe autour d’un verre de jus de pommes sur la séance du jour, encadrées de trois assistantes sociales qui les accompagnent : Claire, Julie et Hélène.

Le poney-club la Salantine accueille des séances de médiation équine. Crédit photo Chloé Chamouton

« Le projet existe depuis 4 ans et une fois par an, sur un trimestre, nous proposons à un groupe de 10 femmes de se retrouver sur des ateliers de médiation équine », explique Claire Mouchet, assistante sociale formée en médiation à visée thérapeutique.

Tous les vendredis, un groupe de 10 femmes se retrouve autour de la médiation équine au poney-club de la Salantine à Saint-Herblain. Crédit photo Chloé Chamouton

Au programme de ces matinées qui se déroulent le vendredi, travail à pied avec les chevaux, travail monté, travail en longues rênes, balades mais aussi exercices de respiration ou d’étirements.

Le cheval, un formidable médiateur

Avant chaque atelier, une météo poney offre à chacune de déterminer son humeur du jour, de qualifier son état d’esprit sur une échelle de 0 à 7. « Cet outil échangé avec d’autres collègues en médiation équine nous aide à orienter le contenu de chaque séance sur du lâcher-prise, de la relaxation, de l’écoute des émotions », poursuit Claire.

Le cheval leur apprend à trouver leur juste place

Des séances bénéfiques puisque chaque participante ressent une amélioration de son état. « Ces moments ensemble sont géniaux, le stress part, une relation avec l’animal s’établit dès que nous nous occupons de lui », insiste avec enthousiasme Haname, qui participe à ce projet de médiation pour la deuxième année.

Même constat pour Darline, qui découvre ces séances : « Ici, je me sens bien, nous discutons, nous échangeons sur notre quotidien, nous nous soutenons. Chez moi, je ne parle pas et je reste toute seule. L’équipe nous écoute toujours avec bienveillance dans un esprit de partage. J’attends le vendredi avec impatience, car il s’agit d’un moment rien que pour moi ».

Un temps de reconnexion à soi et aux autres

S’autoriser à prendre du temps pour soi, verbaliser et conscientiser ses émotions, autant d’éléments fondamentaux que révèlent ces séances d’accompagnement par le cheval auprès de ces femmes soumises au burn-out du quotidien, ou qui ne savent pas dire non lorsqu’il s’agit d’aider les autres. « Le vendredi, je débranche mon téléphone. » insiste Darline.

Mettre des mots sur des émotions

Des gestes qui peuvent paraître simples ou bénins mais qui pour ces femmes constituent un véritable pas de côté. « Ici, elles sont attendues. Elles retrouvent leur place de femmes dans la société, leur pouvoir personnel, sans être assujetties à un rôle, de mères, d’épouse…. Elles apprennent à dépasser leurs peurs, leurs doutes, elles peuvent mettre des mots sur leurs émotions et ce qu’elles vivent. Le cheval leur apprend à trouver leur juste place », insiste Claire.

Darline et Hamane apprécient ce moment de partage autour du cheval. Crédit photo Chloé Chamouton

Des chevaux qui obligent ces femmes à prendre confiance en elles et à éprouver de la fierté vis à vis d’elles-mêmes. « Nous ne prenons pas le même poney à chaque fois, nous devons nous adapter à leurs tempéraments car ils présentent des personnalités différentes, j’aime bien », souligne Darline.

Darline ressent après chaque séance les bienfaits de la relation au cheval. Crédit photo Chloé Chamouton

Quant à Haname, elle avoue avoir éprouvé de la joie lors de sa remise de diplôme de cavalière à la fin des séances l’année dernière. Fierté également de changer de regard sur son fils trisomique. « Avant ces séances, lorsque je m’exprimais, je parlais de mon fils comme handicapé, maintenant, je dis qu’il est normal »

Des moments d’échanges, de connexion, de libération, considérés comme des bulles de bien-être aussi bien pour les participantes que pour les assistances sociales qui encadrent.

« Ces séances remettent tout le monde sur le même pied d’égalité, nous découvrons ces femmes dans un cadre autre que celui de la relation assistante sociale-personne en difficultés, en face à face dans un bureau », reconnaît Claire. « Grâce au cheval, elles reprennent les rênes de leur vie », conclut cette dernière.