Jennifer Renaut : « Etablir une relation de confiance avec le cheval et le propriétaire »

Cavalière depuis l’âge de 7 ans, Jennifer Renaut vient de créer « Les Pattes à Sel », une entreprise de garde d’animaux de compagnie, notamment des chevaux sur la presqu’île guérandaise. Une manière pour cette jeune femme de 37 ans au parcours atypique de prendre soin des animaux et d’aider les gardiens de licornes, comme elle les surnomme avec affection, lorsqu’ils partent en vacances ou lorsqu’ils ont besoin de souffler.

Cavalière, palefrenier soigneur, gardienne de chevaux, vous témoignez d’un parcours riche et hétéroclite dans l’univers du cheval. Comment est née cette passion ?

Ma passion pour les chevaux a débuté à l’âge de 7 ans, comme cavalière dans un centre équestre en bord de plage en Vendée. Un véritable coup de foudre, je n’ai jamais décroché à tel point que j’ai voulu m’orienter vers l’univers des chevaux pour en faire mon métier. Mais des incidents ont endommagé ma confiance et laissé quelques traumatismes. J’ai stoppé l’équitation.

Soucieuse du bien-être animal, Jennifer Renaut s’occupe des chevaux avec passion. Crédit photo Jennifer Renaut

A l’âge de 19 ans, j’ai découvert la vie de propriétaire avec mon poney que mes parents m’avaient acheté, alors que j’étudiais à Nantes. Atteint de piroplasmose, il nécessitait de nombreux soins vétérinaires, couteux.

Il a fallu que j’arrête mes études à 22 ans et que je travaille pour payer les factures vétérinaires. Au bout de 4 ans, son âge, j’ai pris la décision de le vendre. Après cette séparation, j’ai voulu quitter le monde du cheval, mais ce dernier m’a rattrapé, car on m’a proposé un poste de palefrenier soigneur dans l’armée, à l’école militaire de Paris.

En quoi consistait alors votre travail ?

Je nettoyais les boxes, ramassais les crottins, m’occupais des chevaux mais sans les monter. Ce métier s’est avéré une révélation. J’ai adoré le contact avec les animaux. Gérer l’entretien offre une relation plus profonde, un lien plus étroit avec eux.

J’ai créé un livret d’accompagnement pour rassurer les propriétaires

Puis, j’ai été victime d’un grave accident aux écuries, un tractopelle m’a écrasé la jambe gauche, ce qui a nécessité une hospitalisation. Seule sur Paris, j’ai alors pris conscience que je ne me sentais pas à ma place, je n’en pouvais plus de côtoyer les chevaux en boxes. Je suis restée pendant 8 ans sans trouver un métier qui me convenait.

En 2011, un an après mon accident, j’ai acheté Aldo, poulain entier de 18 mois, j’avais besoin de ce contact avec les chevaux. Son copain Brin d’Or a rejoint notre famille en 2013.

Jennifer et ses licornes. Crédit photo Camille Imbert

De ces expériences de propriétaire et de ce vécu en gestion autonome des chevaux H24 est née l’idée de proposer de la garde d’animaux afin de prendre le relais et de proposer une alternative en cas de vacances, d’accidents, ou d’envie de souffler. Par ailleurs, je me suis formée en shiatsu animalier pendant 2 ans et je suis certifiée pour la garde d’animaux, chats et chiens compris.

Concrètement, comment se déroule cette garde de chevaux ?

L’essentiel réside dans le contact avec le cheval et le propriétaire pour établir une relation de confiance. La pré-visite obligatoire offre un premier échange. J’ai besoin de visualiser les lieux où le cheval vit et ce dernier éprouve également le besoin de me voir, de me sentir, d’entendre ma voix.

Lors de ce premier entretien d’une heure en moyenne, je pose des questions au propriétaire, j’observe le comportement du ou des chevaux, j’évalue la situation.

Visualiser les lieux où le cheval vit

J’ai créé un livret d’accompagnement qui contient toutes les informations nécessaires ( rations, quantité de foin, soins spécifiques) ainsi qu’un tableau détaillant le compte-rendu de chaque visite pour rassurer les propriétaires. Et j’envoie toujours une photo lors de mon passage !

En quoi ce métier vous plaît-il et que vous apporte-t-il ?

Ce qui m’intéresse, c’est le couple cheval-propriétaire. J’apprécie de rencontrer des personnes passionnées ainsi que des personnalités différentes de chevaux. Certains se montrent fermés, d’autres extravagants. Lorsque les propriétaires me confient leurs chevaux, je tiens surtout à ce qu’ils profitent de leur moment en toute sérénité.

Jennifer Renault vient surveiller les chevaux pendant votre absence. Crédit photo Jennifer Renaut

De par mes formations (shiatsu, gestion de pâturages), je peux également conseiller les propriétaires sur l’alimentation, les plantes toxiques.

Et je compte me former aux sciences cognitives pour mieux réagir à certaines situations complexes et mieux m’adapter au comportement des chevaux.

A quelle fréquence pouvez-vous intervenir et sur quel périmètre géographique ?

Tout dépend de la situation du ou des chevaux à garder, je peux intervenir 1 fois par jour ou 2 fois par jour. Je me déplace sur toute la presqu’île guérandaise, mais je peux également intervenir plus loin, sur Nantes par exemple en fonction des besoins. Il faut juste que la demande soit anticipée afin que je m’organise.

Renseignements : Les Pattes à Sel, lespattesasel@gmail.com, 06 13 69 82 21