La monte en amazone : un art de la posture

Type de monte méconnue mais associée au prestige de la prestance et de l’élégance vestimentaire, la monte en amazone allie à la fois maîtrise de la posture et technicité du dressage du cheval. Guyonne Dugast-Rouillé aux Chevaux de Congor à Guérande en Loire-Atlantique renoue avec cette équitation de tradition à travers des stages d’initiation les dimanche matins de printemps, en alternance avec les longues rênes.

« La monte en amazone n’est pas une discipline, c’est une manière différente de monter, ouverte à toutes les disciplines équestres », précise Guyonne, qui enseigne cette équitation au sein des Chevaux de Congor à Guérande.

En effet, monter en amazone signifie chevaucher avec les deux jambes du même côté du cheval, la plupart du temps à gauche. Historiquement, cette pratique naît au Moyen-Age au moment où la tenue vestimentaire des femmes s’alourdit : « Les jupons, sur-jupons, crénoline ne permettent plus à la femme de monter à califourchon ». L’autre raison invoquée : la préservation de la fonction reproductrice des femmes.

La monte en amazone, un art de la prestance et de l’élégance. Crédit photo Chevaux de Congor

La monte en amazone nécessite dès lors la création de selles spécifiques à deux ou trois fourches afin d’assurer la stabilité de la cavalière à toutes les allures en terrains variés. « Les princesses possédaient des selles à deux fourches à droite, ce qui permettait de reconnaître leur rang social ».

La monte en amazone révèle les lacunes de la monte à califourchon.

Si la monte en amazone décline avec l’avènement du féminisme et la revendication d’une égalité homme-femme, elle n’a pour autant pas disparu. « Par tradition, par goût de la féminité et des attributs vestimentaires, de plus en plus de cavalières souhaitent s’initier à cette monte », précise Guyonne.

La monte en amazone nécessite un apprentissage pour bien maîtriser sa posture. Crédit photo Chevaux de Congor

Pour autant, ce type de monte ne s’improvise pas. « L’apprentissage de la posture s’avère capital. Ce type de monte exige de positionner le bassin à sa place et les épaules pour orienter la direction du cheval. La monte en amazone requiert un gainage », explique Guyonne.

La position précède l’action

Le gros avantage ? « La pratique de la monte en amazone a permis à mes cavalières de s’améliorer dans la monte à califourchon, car elles ont compris l’intérêt du centrage et actions de leur bassin. Bien souvent la monte en amazone révèle les lacunes de la monte à califourchon ».

Une équitation technique

Dans cette optique, travailler sa posture et son orientation à l’aide du simulateur équestre ou cheval mécanique s’avère intéressant afin de prendre conscience du centrage corporel et de l’alignement. « La position précède l’action », insiste Guyonne. « En amazone, le mauvais geste sera impossible car il engendre de l’inconfort »

Deux selles amazones conservées dans les salles des remparts du musée de Normandie. Crédit photo Wikimédia Commons / Chatsam

Un équilibre à gérer pour trouver du confort sur une selle bien particulière dite selle d’amazone, à deux ou trois fourches. « Je dispose de sept selles ainsi que d’une bardette pour les enfants. Je viens de dénicher une selle à trois fourches à restaurer. Ce n’est pas pour rien qu’elles sont surnommées les Précieuses du fait de leur rareté ! »

Un cheval bien dressé

Ce type d’équitation requiert également un cheval doté d’un certain niveau équestre, le cheval dit de dame pour la monte. « Il faut un cheval très bien dressé pour comprendre le placement du stick en avant et en arrière de la sangle pour les déplacements latéraux, la jambe droite se trouvant en effet remplacée par un stick de dressage »

Si tout type de race peut convenir, il fait tout de même tenir compte de la morphologie du cheval du fait du type de monte. « La cavalière se trouve « perchée » sur le dos du cheval. Le cheval doit donc présenter un dos fort pour porter le poids de la cavalière dont l’appui sur le dos se trouve décalé vers l’arrière comparé à la selle mixte anglaise », souligne Guyonne, qui de son côté entraîne tout type de race même si elle privilégie les Haflinger pour sa pratique en attelage dans le but d’avoir une team aux Chevaux de Congor, à Guérande, à proximité de la Baule.

Tenue apprêtée exigée

Outre la posture, la monte en amazone fait appel à un code vestimentaire. « Un chapeau avec un ruban, de longueur différente en fonction du statut (célibataire, mariée ou libertine), des gants, une coiffe, une jupe tablier ouverte non encombrante pour la sécurité », un petit gilet, une veste »

Le stick de dressage remplace la jambe droite. Crédit photo Chevaux de Congort

Attirée depuis petite par ce type de monte, Guyonne dispense des cours depuis 2015 aux Chevaux de Congor mais également des stages dans des centres équestres.

Promotion et valorisation de la monte en amazone

« Ma grand-mère montait en amazone. « J’aime cette monte qui présente à la fois une élégance vestimentaire et psychologique. C’est une équitation qui se veut éthique et raisonnée, nécessitant un bon enseignant. Je dispense un enseignement à l’ancienne qui mise sur un travail d’assouplissement, de mise en scène, de réflexion sur la posture. Je privilégie le fractionné, en travaillant sur un objectif particulier ».

En moyenne, un cours dure 1h30 avec beaucoup de temps à l’arrêt, des pauses. « Il faut trouver la respiration, le confort, la décontraction, amorcer le mouvement sur quelques foulées ». Une fois la posture maîtrisée, place à la joie des balades dans les marais salants de Guérande qui dévoilent des paysages sublimes.

Le plaisir des balades en amazone dans les marais de Guérande. Crédit photo Chevaux de Congor

Avec un petit groupe de cavalières, Guyonne souhaite monter un petit carrousel afin de dérouler un numéro et de valoriser ce type d’équitation.

Un printemps placé sous le signe de la monte en amazone avec l’Association des Amazones de France (ADF) qui fête ses 50 ans et mettra en avant la monte en amazone sur plusieurs évènements, notamment à l’école militaire d’équitation à Fontainebleau le 6 mai, au haras d’Uzès du 13 au 14 mai et de celui du Pin du 22 au 23 juillet.

Renseignements :

Les Chevaux de Congor, initiation monte en amazone le dimanche matin , jusqu’à juin (offre promo). Cours à la demande tout au long de l’année. 06 62 53 19 74