Tout propriétaire d’équidés se trouve confronté à la nécessité de vermifuger ses chevaux, de manière plus ou moins raisonnée en fonction de l’infestation. Si de manière générale, la vermifugation classique chimique reste la plus utilisée, d’autres stratégies alternatives responsables de lutte contre le parasitisme émergent, notamment avec le recours de la chicorée fourragère et des huiles essentielles. C’est l’objet des recherches menées par Joshua Malsa en 3 ème année de thèse à l’INRAE, qui a exposé ses résultats lors des Journées Sciences et Innovations à Saumur.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux stratégies alternatives de vermifugation ?
Très peu de personnes effectuent des recherches sur ce sujet. Or, on assiste à une résistance de plus en plus forte sur les équins des vermifuges traditionnels, avec des réinfestations précoces de chevaux traités par des molécules chimiques qu’il s’agisse du Fenbendazole, Pyrantel ou encore ivermectine. On constate une diminution de l’efficacité de ces traitements.

On connaît le potentiel anti-parasitaire de la chicorée sur les petits ruminants, mais pas sur les chevaux. D’où nos recherches et analyses pour évaluer l’activité anti-parasitaire de la chicorée fourragère contre les petits strongles, parasites gastro-intestinaux connus également sous le nom de cyathosthomes.
Quels sont les risques de ces petits strongles ?
Ils s’avèrent problématiques pour la filière équine. En effet, près de 100 % des chevaux pâturant au pré en sont infestés.

Les jeunes chevaux y sont plus sensibles. Ces petits strongles provoquent des diarrhées, entraînent une perte de poids et pour les individus les plus fragiles, ils peuvent causer la mort.
Comment mesurer l’efficacité d’un traitement anti-parasitaire ?
Nous mesurons les OPG (nombre d’oeufs par gramme de crottins) à travers la réalisation de coproscopies. Il faut d’ailleurs inciter les propriétaires à pratiquer davantage de coproscopies pour tendre vers une vermifugation raisonnée.
réussir à trouver un équilibre entre santé humaine, animale et environnementale.
Le protocole de vermifugation classique s’effectuant à chaque changement de saison, donc 4 fois par an, il faudrait faire autant de coproscopies pour voir le niveau d’infestation aux strongles. Il faut savoir que tous les chevaux à l’état naturel ont des parasites.
Par ailleurs les vermifuges ont des répercussions sur l’environnement. Penser à des stratégies alternatives permettrait de rétablir un certain équilibre ?
En effet, les traitements par vermifuges classiques notamment par l’ivermectine détruisent les insectes dits coprophages qui vont manger les crottins et donc jouer un rôle dans l’écosystème. D’où la nécessité de trouver des alternatives plus responsables et d’identifier des stratégies plus durables et écologiques.

On parle beaucoup de « one ealth » en biologie, qui consiste à valoriser une seule santé. Il ne faut pas tout éradiquer, mais chercher à réduire la charge parasitaire tout en conservant les parasites. En somme, réussir à trouver un équilibre entre santé humaine, animale et environnementale.
Comment avez-vous procédé pour l’évaluation des vertus anti-parasitaires de la chicorée fourragère ?
Nous avons placé des chevaux au même stade d’infestation sur deux prairies, l’une avec de l’herbe considérée comme prairie témoin et l’autre, semée avec la variété Puna II, plus appétante que la seconde variété Spadona.

Toutes les deux semaines, nous avons procédé à des coproscopies durant 45 jours pour voir l’évolution de l’infestation. Les chevaux pâturant la chicorée ont présenté des niveaux d’excrétion inférieurs à ceux des chevaux témoins dès le 16e jour de pâturage. En fin d’essai, l’efficacité du pâturage de la chicorée en comparaison du lot témoin était de 82 %.
La chicorée s’adapte à la sécheresse
Par conséquent, la consommation de chicorée réduit le nombre d’OPG. De même, le développement des larves infestantes, c’est à dire de L0 à L3 a été diminué également. Par la suite, l’idée, c’est de s’intéresser à la fois au côté parasitaire et de chercher les aspects nutritionnels de la chicorée fourragère.
Quels sont les atouts de la chicorée fourragère ?
Elle présente un intérêt parasitaire mais également nutritionnel, de par sa richesse en minéraux. Elle peut donc s’utiliser en fourrage, notamment chez les ruminants.
caractériser et identifier des plantes bioactives
Par ailleurs, cette plante présente l’avantage de s’adapter à différents environnements, aussi bien à des climats tempérés qu’à la sécheresse, ce qui se révèle intéressant dans un contexte de nécessaire adaptation des systèmes d’élevage au réchauffement climatique.
Existe-t-il d’autres plantes avec des vertus antiparasitaires ?
C’était l’objectif de ma recherche : caractériser et identifier des plantes bioactives qui vont agir sur la gestion de ces petits strongles mais qui vont aussi jouer un rôle dans la stimulation du système immunitaire du cheval et améliorer ainsi ses défenses contre les parasites.

Les plantes du commerce et les granulés de sainfoin sur lesquels j’ai travaillé n’ont pas permis de valider leur intérêt anti-parasitaire contrairement à la chicorée fourragère. Par ailleurs, on sait par des études que le plantain lancéolé présente ces propriétés testées chez les ruminants.