Laure Soulage, équicoach et fondatrice d’Equi Dev’, souhaite rendre ses lettres de noblesse au cheval, décelant une prise de conscience collective : les chevaux nous aident à mieux nous connaître. Interview.
Bonjour Laure Soulage, quel est votre rapport avec les chevaux et pourquoi avoir écrit un livre sur l’équicoaching ?
Je fréquente les chevaux depuis l’âge de six ans : je crois que j’ai commencé mes relations à l’autre avec eux ! Comme compagnons, confidents, partenaires de compétitions et désormais également partenaires professionnels.

Avec mes co-auteurs, nous constatons que le cheval passe en ce moment d’un fin utilitaire dans laquelle l’humain domine le cheval à une inversion de la relation : le cheval, par son comportement individuel et social, devient notre coach, une source d’inspiration de par son organisation hiérarchique singulière. Proie, mais aussi prédateur avec ses congénères, pour reprendre les rôles du maître-berger de Linda Kohanov.
l’entraide fait partie de leur ADN
Que ce soit pour l’accès aux denrées alimentaires ou la gestion des conflits, le troupeau, à l’état sauvage, s’entraide en permanence, prenant soin en priorité des relations internes au troupeau : l’entraide fait partie de leur ADN.

En quoi les chevaux constituent-ils une source d’inspiration ?
Que ce soit en entreprise ou dans les relations interpersonnelles, nous pouvons nous référer à leur façon de trouver leur place au sein du troupeau. Un vrai modèle de leadership consensuel.
Pourquoi pratiquer l’équicoaching ? Qu’apporte un cheval par rapport à un humain ?
Le cheval apporte un résultat immédiat qui procure un effet durable. A la fois dans l’instant, agissant comme une loupe grossissante, et dans l’instinct en favorisant la réception non verbale, permettant de limiter le mental. Non jugeant, le cheval demeure sans concession, comme un révélateur instantané. Si l’humain agit de façon inappropriée, il donne un retour à la mesure de la façon dont la demande a été formulée.

L’expérience d’équicoaching favorise ainsi le ressenti, l’observation, cette intelligence émotionnelle essentielle souvent délaissée alors qu’elle constitue une grande part de notre capacité de communication. Le rapport à l’animal nous apprend à réutiliser notre corps comme constituant essentiel de la relation à l’autre. J’invite mes clients que je mets en contact avec les chevaux à être candide. Curieusement, les personnes issues du monde du cheval éprouvent plus de difficultés à retrouver cette innocence.
En quoi, la conscience de cette perception émotionnelle accrue peut-elle aider ceux qui fréquentent les chevaux au quotidien ?
Le cheval, lui, ne s’intéresse pas à votre costume en société, mais révèle votre état intérieur. Prendre conscience de son propre état mental et émotionnel, en établissant son baromètre intérieur peut aider avant d’entre en contact avec un cheval.
une aide précieuse dans notre relation à nous-même et à l’autre
Je constate que souvent dans les centres équestres, les cavaliers ne prennent pas soin de leur propre état avant la séance, ne déposent pas « leurs bagages ». Or, comme une éponge émotionnelle, le cheval capte notre état intérieur et nous le livre sans phare : nos émotions impactent notre partenaire et influe sur la coopération que nous en obtenons. Le cheval agit comme un capteur d’attention et d’intention : on ne peut rien lui cacher. C’est en cela qu’il constitue une aide précieuse dans notre relation à nous-même et à l’autre.
Merci Laure Soulage. Pour aller plus loin, vous êtes co-autrice avec Guillaume Antoine et Stéphane Wattinne de l’ouvrage Le cheval coach – L’équicoaching : une expérience transformante aux éditions Yves Michel.